« La Nature en Ville », bilan de notre réunion technique

Nous étions présents à la matinée technique organisée par un de nos distributeurs, Hortibreiz, aux côtés de 25 participantes et participants, principalement des collectivités, paysagistes et créateurs de toitures végétales.

La matinée fut riche en échanges avec une conférence sur la nature en ville, suivie de 3 ateliers de travail et d’un déjeuner convivial. 

Chaque personne participant a pu participer à 2 ateliers de travail, animés par l’équipe Hortibreiz et OdysséeLab.  

Par petits groupes de 8, les personnes participantes ont pu réfléchir sur ces 3 thématiques : 

💧Maitrise de l’eau 

🌿 Ilots de fraicheur 

🪱 Biodiversité  

L’objectif réussi de cette réunion technique était d’être un lieu d’échange de bonnes pratiques, de problématique à solutionner et de mettre du lien entre des villes, métiers et fonctions qui se croisent rarement. 

Fanny Maujean, ingénieure paysagiste, directrice parcs et jardins et paysages de la ville d’Angers et de Angers Loire Métropole, nous a présenté le plan Nature en Ville d’Angers pour 2021-2025

Plan qui porte ses fruits puisque la ville d’Angers arrive de nouveau en tête du dernier palmarès des villes vertes de France, pour la 3e fois consécutive, selon l’Observatoire des villes vertes de France  !  

Les espaces verts ayant un impact bénéfique indéniable sur l’humain, la biodiversité et l’économie, il est intéressant de les analyser à différentes échelles : du quartier, de l’îlot et de la rue. La cartographie et la connaissance du patrimoine végétal de sa ville est la base pour structurer un plan et allouer les budgets nécessaires :

  • Superficie d’espace verts par habitantes, leur proximité, variété…
  • Nombre et type d’arbre : arbres signaux remarquables, fruitiers… (par espaces paysagers, espaces minéralisé, végétalisés en pied…)

 

Lors de cette conférence très participative, l’accent a été mis sur 5 axes qui structurent le plan d’action :

Axe 1 : Conforter l’identité paysagère de la Ville d’Angers

Enjeux : aménager, restaurer, réduire, compenser, déminéraliser, avec pour objectif principal la santé de la population. 

Intégrer plus de composantes végétales dans le PLUI. Un exemple : 25% de désimperméabilisations des cours d’écoles et un doublement de leur patrimoine arboré.

Une problématique : seulement 30% de la surface est gérée par la ville (60% appartient à des privés) et 60% de ces 30% est végétalisé. Il y a donc un gros travail de sensibilisation des acteurs privés pour améliorer la végétalisation des 70% de la surface privée restante.

Axe 2 : Concevoir et gérer de façon durable

Enjeux : adapter, construire et gérer des écosystèmes et biotopes urbains.

Concept de « ville éponge » qui soit capable d’absorber l’eau pendant les épisodes pluvieux et capable de la restituer pendant les périodes sèches. Zoom sur une action : via un budget participatif d’1 million d’euros, les particuliers peuvent proposer et mettre en place des actions spécifiques. Comme par exemple, le développement de prairies fleuries pour plus de biodiversité.

Axe 3 : Connaître, préserver et développer le patrimoine arboré

Enjeux : gérer et développer un peuplement adapté au changement climatique et à la préservation de la biodiversité

Beaucoup d’échanges et de questionnements sur cet axe central de l’arbre en ville ! Pour commencer, la connaissance de son patrimoine arboré et sa gestion au niveau de la canopée au sens large; et non à l’arbre individuel, est importante.

Il faut faire confiance à la résilience de la nature en favorisant la diversité des espèces.

Exemples d’actions :

  • Financement d’arbres (50€) pour les particuliers avec jardin.
  • Forêt Miyawaki : en expérimentation via le budget participatif.
  • Création d’une forêt urbaine de 3ha suite à une phase intense de recherche sur l’adéquation entre le sol et les espèces végétales, l’étude de la phytoécologie d’une forêt à proximité pour reprendre les mêmes essences… Suite à l’étude de sol, plantations à la houe forestière d’arbres et arbustes qui protègent et alimentent le futur arbre. Sans arrosage depuis leur plantation en 2019, les jeunes plants d’1an ont eu plus de 80% de reprise : une réussite !

 

« Le meilleur des gîtes faunes/flore ce sont les gîtes naturels »

Axe 4 : Sensibiliser et fédérer

Enjeux : faire connaître, mobiliser et impliquer.

Actions mises en place :

  • Lancement du site de partage https://www.angers-supernature.fr/ : une ressource passionnante autour du végétal.
  • Programmations d’évènements diverses comme le concours Fleurissons Angers, présence de bacs potagers dans les écoles de la ville (en palox pour pouvoir être bouger facilement, notamment en été)

Axe 5 : Valoriser, suivre et évaluer

Enjeux : faire connaitre et mesurer les impacts des actions et innovations

Par exemple :

  • La gestion de l’eau, cruciale en été, doit être monitorée via un « système d’arrosage intelligent » pour réduire (-30%) les consommations en eau. La présence de sondes tensiométriques permettent d’optimiser l’arrosage : il est indispensable de mieux savoir où, quand et comment apporter l’eau afin qu’elle soit le plus efficace possible pour le végétal.
  • La création de « jumeau numérique » permet la cartographie des îlots de chaleur et de fraicheur urbain, de modéliser la canopée urbaine… et donc de définir et prioriser les actions à mener

 

Les nombreux labels récompensant le territoire angevin est source de fierté et de motivation pour les agents au quotidien : bravo !

A la suite de la conférence de Fanny Maujean, chaque personne participante a pu participer aux ateliers de travail, animés par l’équipe Hortibreiz et OdysséeLab sur les thèmes : maîtrise de l’eau, îlots de fraîcheur et biodiversité. Voici le compte-rendu de ces ateliers participatifs :

Atelier 💧Maitrise de l’eau

Ont été listées pendant les deux ateliers, les pratiques efficaces suivantes :

  • Mise en place de couverture végétalisée. Celle-ci permet par exemple l’isolation des bâtiments, améliore leur performance énergétique, crée un refuge pour la biodiversité, lutte contre les îlots de chaleur urbain.
  • Plantations résilientes
  • Mise en place cuves souples. Attention, elles prennent de l’espace et ne peuvent pas être lavées de l’intérieur.
  • Utilisation de réserve plastiques ou métalliques, attention à la difficulté de se réapprovisionner en eau à plusieurs endroit dans la ville.

 

Dans les pratiques à améliorer, les échanges du groupe ont porté sur :

  • Récupérer les eaux pluviales, puis les stocker cette eau grâce à des réserves d’eau à adapter sur des structures déjà existantes (serres, bâtiments + installation de relevage d’eau). Cette technique permet de réduire la quantité d’eau arrivant dans le réseau pluviale lors de forts épisodes pluvieux, évitant ainsi leur surcharge. 
  • Réutilisation des eaux usées (Eaux de piscines, eaux usées, eaux chargées…) La législation est pour le moment très stricte sur le sujet de la réutilisation des eaux de stations d’épuration (charge bactérienne), même pour l’irrigation des terrains de sport par exemple.
  • Limiter et économiser l’utilisation de l’eau. En adaptant et changeant les pratiques culturales, de plantation, les variétés sélectionnées, les dates de plantation…  
  • Mesurer et programmer les tours d’irrigation. Utiliser des capteurs et automatiser le réseau d’irrigation (électrovannes) permet de quantifier la quantité d’eau utilisée et d’optimiser le moment d’application, la quantité et la fréquence d’arrosage en fonction des plantes ciblées et de la météo du moment.

 

Ces bonnes pratiques ont pour objectif de devenir un maximum autonome sur la gestion de l’eau pour pouvoir arroser raisonnablement tout l’année car sans eau, le végétal dépérit ! Dans un contexte de périodes de pluies plus abondantes mais dans un temps plus court suivi de longues périodes plus sèches et chaudes il est indispensable d’inscrire la gestion de l’eau dans la politique RSE des entreprises. 

Atelier 🌿 Ilots de fraicheur

Ont été listées pendant les deux ateliers, les pratiques efficaces suivantes :

  • La cartographie (SIG) pour une bonne connaissance de son territoire, du patrimoine arboré, l’identification des îlots de chaleur
  • Embellissement de la ville
  • Plantation d’arbres pour des zones de rafraichissement, parfois fruitiers
  • Augmentation de la mise en place de toitures végétales et des espaces de biodiversité
  • Plantation de plantes locales et esthétiques
  • Mise en place de solution intermédiaires : en attendant que les arbres poussent et jouent vraiment leur rôle de rafraichissement, il peut il y avoir la mise en place de solutions mobiles comme des jardinières, des arbres en pots, des systèmes d’ombrage…
  • La prise en compte de l’évolution des usages de la population.

Dans les pratiques à améliorer et solutions à apporter, les échanges ont portés sur :

  • La planification compliquée (temps, budget, lien interservices…)
    • Mise en place entre élus et responsables espaces verts d’un plan stratégique sur le végétal en ville. Avec par exemple, le projet de « reconquête végétale » portée par Lorient.
    • Formation, compréhension, volonté et ambition des élus
    • Se faire accompagner par des cabinets extérieurs si besoin
  • Coût de mise en œuvre
    • Définition de la stratégie de la ville et du budget à allouer à la végétalisation
  • Un besoin de décloisonnement des services (management, élus…)
    • Besoin de liberté dans les actions, de pouvoir être moteur
  • Améliorer la communication sur les bonnes pratiques
    • Ont été cités : des articles dans les journaux de la ville, panneaux d’affichages, concertation (à bien cadrer) avec les habitant·es, animation de réunions de quartiers…
  • Faire de la pédagogie sur la mise en place de ces îlots de fraicheur et leurs contraintes (temps de pousse des végétaux, diversifier les végétaux, désimperméabilisation des sols…)
    • Mise en place de solution intermédiaires : plantes en pots, ombrières…
    • Solution de stockages d’eau : sac à eau, Ollas…
  • Amélioration de la biodiversité dans les toitures végétalisées mises en place
    • Besoin de plus d’épaisseur de substrat, de possibilité d’arrosage pour permettre la survie des plantes et d’assurer la fonction de rafraichissement de l’air via l’évapotranspiration
  • Minéralisation demandée chez les particuliers, « syndrome de Versailles » (végétal « domestiqué », coupé ras)
    • Pédagogie, incitations, formation au potager, compost…

En conclusion, la plupart des villes ont déjà des essais en place. La création de groupes de travail interservices ou inter-villes est intéressant mais l’association dès le début du projet des différents acteurs est cruciale pour sa bonne réussite. Le recensement des îlots de chaleurs demande des outils qui peuvent être mutualisés entre villes afin d’être plus efficaces dans la mise en place des îlots de fraicheur. Le développement de nouvelles mobilités (transport en commun, vélo, marche) est à favoriser dans la création de ces espaces.

Ont été citées des documentations disponibles sur le site de la ville d’Angers, de Lyon (notamment les arbres de pluie), la ville de Paris (sur les cours d’écoles), le CEREMA

Atelier 🪱 Biodiversité

Ont été listées pendant les deux ateliers, les pratiques efficaces suivantes :

  • Essais de semis (ESAT ou ville) pour plantation forestière depuis 2 ans
  • La tolérance et acceptation des pratiques 
  • La sensibilisation et l’accompagnement par des associations comme LPO
  • Actions de communication (Lorient mag, réseaux sociaux…)
  • Valorisation des pratiques et du savoirs faire des agents
  • La création de mouvements citoyens (association, patrimoine…)
  • Mise en place de nichoirs à mésanges, chauve-souris, abris à hérissons, bassins naturels pour batraciens, diversité végétale intéressant pour les pollinisateurs, éco pâturage, fauche tardive…
  • Mise en place de zone refuge 
  • Mise en place d’essais ( par exemple de plantes couvre sol sur une année et demi)
  • Gérer tonte, tailles et coupes pour favoriser la biodiversité
  • L’élimination du plastique dans les paillages (paillage en PLA, solution biodégradable)
  • Le choix des espèces et variétés : adaptation de la palette variétale (sécheresse, retour de la vivace, cultivar originel…) et mise en place d’une gestion différenciée (tonte, fleurissement)
  • Eco-conception des massifs : entretien, faible consommation en eau, bulbes naturalisables, mélanges fleuris
  • L’arrêt des traitements phytosanitaires
  • La mise en place de capteurs de pollution et de qualité de l’eau

Dans les pratiques à améliorer, les échanges ont portés sur :

  • Apporter de la végétalisation en pied de murs
  • Développer la taille douce
  • Retour aux sécateurs, moins de taille-haies
  • Écrire une stratégie formalisée par zones identifiées
  • Définir les notions de trames brunes, vertes, bleues, noires (concertation entre élus et le service technique, les habitant·es)
  • Évaluer, prioriser et mettre en place des actions suivant l’ambition des élus
  • Former et sensibiliser les agents (initier le changement sur d’autres pratiques comme la division de vivaces)
  • Améliorer la communication entre les villes
  • Soutenir les moments de partage d’expériences
  • Augmenter la communication vers les habitant·es (journaux, réunions de quartiers…)

Quelques questionnements ont été soulevés durant cet atelier.

  • Le besoin d’accompagnement des élus pour l’explication des pratiques. Par exemple sur le sujet de la fauche et de son aspect sécurité des agents.
  • Comment planter local, mais aussi comment définit-on le « local » ?
  • Comment favoriser les noues (fossés végétalisés) et comment les gérer ?

En conclusion

L’objectif réussi de cette réunion technique était d’être un lieu d’échange de bonnes pratiques, de problématique à solutionner et de mettre du lien entre des villes, métiers et fonctions qui se croisent rarement.

C’est ce type de rencontre et d’échanges qui nous permet, à travers nos distributeurs comme Hortibreiz et aux côtés de leur clientèle collectivités et paysagistes, d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés :

  • Participer aux défis de transition dans les villes grâce au végétal par le concept et la création d’îlots de fraicheur pour répondre aux enjeux climatiques et sociaux.
  • Accompagner les collectivités et les paysagistes dans la conception et la gestion des espaces verts en concevant des solutions résilientes pour répondre aux défis de la biodiversité du sol et de l’eau.
  • Fédérer les acteurs locaux du végétal pour faire émerger les idées de demain.

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